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À peine un mois après le BikingMan Alpes-Maritimes, me voilà déjà au départ d’une nouvelle manche des BikingMan World Series : le 555 Vercors – 470 km de Gravel et 11 000 m de D+

Le départ est donné le vendredi à 9h depuis Villard-de-Lans, au cœur du Parc Régional du Vercors. La météo s’annonce capricieuse : pluie possible, températures fraîches pour la saison, autour de 8°C la nuit.
La veille, impossible de bien dormir : je tourne et retourne les choix de vêtements dans ma tête. Prendre trop, c’est du poids inutile. Ne pas prendre assez, c’est risquer de grelotter au sommet, trempé et frigorifié. Trouver l’équilibre, voilà le casse-tête.

Départ : full gaz

9h. L’air est frais, presque froid. Quelques rayons de soleil percent les gros nuages chargés de pluie. Dès le départ, la trace nous propulse dans une première ascension de 8 km, régulière.
Un groupe de six se détache rapidement. Le rythme est encore mesuré, parfait pour éviter de se griller d’entrée — l’adrénaline des premiers kilomètres en ultra, ça se paie toujours.

En haut, place à la descente gravel. Manu Trigny me double comme une fusée. Joueur (et un peu fier), je saute dans sa roue. Nous voilà seuls devant. La piste rejoint une route sinueuse qui plonge dans la vallée. Grégory Cassini, vainqueur du général 2024 et enfant du pays, nous rattrape et prend les devants. Je me cale dans sa roue, profitant de ses trajectoires parfaites.

En bas, le terrain devient vallonné, avec des cols à faible pourcentage. C’est à mon avantage. Les sensations sont bonnes, l’euphorie du départ passée. J’appuie un peu, prends la tête vers le km 70 et savoure le décor : le vert omniprésent, la végétation dense, et surtout le passage incroyable du cirque de Combe Laval.

Fin de la rigolade

Km 120. Les pourcentages grimpent… et la température aussi. Je sens mes pieds chauffer — toujours le même problème quand il faut pousser fort sous la chaleur. Un orage arrive. Les premières gouttes deviennent rapidement une grosse averse.
Simon Rambaud me double, Greg juste derrière. Je garde mon rythme. En ultra, il faut optimiser les temps forts et encaisser les temps faibles. Je sais que ça reviendra, il faut juste être patient.

Je m’arrête pour enfiler ma veste de pluie. Manu Trigny me reprend et on restera a quelques centaines de mètres l’un de l’autre jusqu’au CP1, km 245.

Checkpoint et choix stratégique

J’arrive 3e au CheckPoint. Il est 22h30. Les deux premiers repartent rapidement, sans dormir. Initialement, je pensais faire une pause de 15-30 min, mais je sais que je ne trouverai pas le sommeil si tôt. Je mange, me change pour la nuit froide et humide, et repars… un peu trop vite, avec les bidons vides. Je m’en rends compte dans la descente. Coup de chance, je trouve de l’eau dans le premier village.

Une nuit complète sur le vélo

Les nuits en ultra ont toujours quelque chose de particulier. L’atmosphère change. Les faisceaux de lumière dansent, on jongle avec les modes d’éclairage selon qu’on grimpe ou qu’on dévale, pour économiser les batteries.

Les ombres et bruits nocturnes créent un petit théâtre : yeux d’animaux brillant au loin, branches transformées en silhouettes étranges… Les chevreuils s’enfuient, les sangliers font plus de bruit qu’un cycliste dans un sprint final.
Le vent est violent sur certains cols — au col de Rousset, il faut presque se battre pour tenir debout à la sortie du tunnel.

Entre 3h et 4h, l’heure critique : la lucidité vacille. Comme au volant lors d’un long trajet de nuit, l’esprit part ailleurs. Mais à vélo, dans une descente à plus de 70 km/h, l’erreur est interdite. Je crie, non pas pour effrayer les sangliers comme en Corse, mais pour réveiller mon corps et mon cerveau.

Malgré le froid, je me sens mieux qu’en Corse. Les kilomètres s’enchaînent bien.

Le soleil se lève, la montagne aussi

Les premières lueurs révèlent un Vercors majestueux, nappé de brouillard. La descente le long de la Gresse, petite rivière, est douce et reposante avant les deux dernières ascensions.

La première, l’ancienne voie du tram entre Seyssins et Saint-Nizier, est un vrai calvaire : 12 km de pierres roulantes. Avec mon pneu arrière en 40, ça secoue fort. J’économise ma transmission qui craque, et préserve ma jante arrière.
Les écarts restent stables : je suis 3e, les deux devant sont inaccessibles, et derrière c’est sécurisé.

La dernière montée est parfaite pour moi : une piste gravel roulante à 6%. Je peux remettre du braquet et profiter des derniers instants. À moins d’un pépin mécanique, le podium est acquis. Je m’imprègne une dernière fois de cette atmosphère unique.

En bas, Axel Carion vient me rejoindre. On termine ensemble les derniers singles roulants vers Villard-de-Lans, sous quelques rayons de soleil. La cloche sonne : fin de l’aventure.

Bilan

Un BikingMan géré comme il faut, sans objectif chiffré mais avec une bonne maîtrise des temps forts et faibles. La météo fraîche m’a bien aidé. Les ravitaillements ont été efficaces, et le camelbak est resté inutile grâce aux nombreux points d’eau.

Points à améliorer :

  • Trouver le bon équilibre glucidique (plus de gels, moins de barres ?).
  • Résoudre définitivement mes douleurs aux pieds.

Les paysages du Vercors sont probablement les plus beaux de l’année. La nature y est reine, et la trace nous emmène souvent loin de toute civilisation.

Mention spéciale à Greg Cassini pour son chrono sous les 24h, et à Daniel Lins, auteur d’un enchaînement 1000 + 500 km, sans dormir sur le 500.

Matériel

  • Vélo : Open UP Gravel
  • Roues/Pneus : ZIPP 303 XPLR SW / Schwalbe G-One RS Pro (45 AV, 40 AR)
  • Transmission : SRAM XX1 Mullet 42 / 10-50
  • Bagagerie : Cyclite
  • Rechange : Veste pluie Décathlon, maillot chaud pour la nuit, maillot manches longues déperlant
  • Navigation : Garmin 1040 + iPhone : Quad Lock / Komoot
  • Confort : Potence rehaussée, guidoline Supacaz épaisse (aucune douleur aux mains)
  • Éclairage : Decathlon HL900, Garmin UT800, Varia Radar, Decathlon SL110
  • Audio : Shokz Open Run Pro 2